Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourquoi êtes-vous venu ici ? demanda l’homme qui entrait, à Pierre, en se tournant dans la direction d’où venait le bruit fait par celui-ci. Pourquoi, vous qui ne croyez pas en la vérité de la lumière et qui ne voyez pas la lumière, pourquoi venez-vous ici ? Que voulez-vous de nous ? La sagesse, la vertu, la lumière ?

Dès que la porte s’était ouverte et que cet homme était entré, Pierre avait éprouvé un sentiment de crainte et de vénération, semblable à celui qu’il éprouvait, étant enfant, à la communion. Il se sentait en tête à tête avec un homme tout à fait étranger par les conditions de la vie et proche par la fraternité des hommes.

Pierre, avec un battement de cœur qui lui arrêtait la respiration, s’approcha du rhéteur. (En langage de franc-maçonnerie, on appelle ainsi le frère qui prépare celui qui cherche à entrer dans la fraternité.)

Une fois près du rhéteur, Pierre reconnut en lui une de ses connaissances, Smolianinov, et il était gêné de trouver en cet homme une de ses connaissances. Le nouvel arrivé ne devait être pour lui que le frère et le précepteur vertueux. Pierre, pendant un moment, ne pouvait prononcer une parole, si bien que le rhéteur dut répéter sa question.

— Oui, je… je… veux la rénovation, — prononça Pierre avec effort.