Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entendant les paroles de son fils, et avec hâte, comme s’il cherchait quelque chose, il dit :

— Oui, oui ; c’est difficile ; j’ai peur que ce ne soit difficile de trouver… À qui ça n’arrive-t-il pas ! Oui, à qui ça n’arrive-t-il pas…

Et le comte regarda furtivement le visage de son fils et sortit de la chambre… Nicolas, prêt à se défendre, s’attendait à des reproches, mais nullement à cela.

— Père, petit père, s’écria-t-il derrière lui en sanglotant, pardonnez-moi. Et saisissant la main de son père, il la pressa près de ses lèvres et se mit à pleurer.




Pendant que le père s’expliquait avec son fils, une explication non moins importante avait lieu entre la mère et la fille. Natacha émue accourait près de sa mère.

— Maman ! Maman ! Il m’a fait…

— Que t’a-t-il fait ?

— Il m’a fait… Il m’a fait… une déclaration… Maman ! Maman !

La comtesse n’en croyait pas ses oreilles.

Denissov avait fait une déclaration. À qui ? À cette petite fille, Natacha qui, tout récemment encore, jouait aux poupées et prenait encore des leçons.

— Natacha, assez de bêtises ? dit-elle, espérant qu’il s’agissait d’une plaisanterie.