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l’intention de faire, et, ne sachant elle-même comment, elle le suivait en s’abandonnant. Tantôt il la tournait par la main droite, tantôt par la main gauche, tantôt tombait sur les genoux et la faisait tourner autour de lui, puis de nouveau bondissait, s’élancait en avant avec autant de rapidité que s’il avait eu l’intention de parcourir toutes les chambres sans respirer ; tantôt, il s’arrêtait soudain, et, de nouveau, faisait quelque chose d’imprévu. Quand, faisant tourner rapidement sa dame avant sa place, il fit sonner ses éperons, la salua, Natacha ne fit même pas la révérence. Étonnée elle fixait sur lui des yeux souriants comme si elle ne le reconnaissait pas.

— Qu’est-ce cela ? — prononça-t-elle.

Bien que Ioguel n’eût pas admis cette mazurka pour la vraie, tous étaient ravis de l’art de Denissov, et on le choisissait sans cesse ; les vieux, en souriant, commençaient à parler de la Pologne et du bon vieux temps. Denissov, rouge de la mazurka, en s’essuyant avec son mouchoir, s’assit près de Natacha et de tout le bal ne s’éloigna plus d’elle.