Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

repentir, sans se garer, les bras et les jambes écartées, présentant sa large poitrine, se tenait debout droit devant Dolokhov et le regardait tristement.

Denissov, Rostov et Nesvitzkï fermaient les yeux. Au même moment ils entendirent un coup et le cri méchant de Dolokhov :

— Manqué ! criait-il, et tout affaissé il tombait le visage dans la neige.

Pierre se saisit par la tête et en se détournant partit dans le bois. Il marchait dans la neige en prononçant à haute voix des mots incompréhensibles :

— Stupide !… stupide !… la mort… le mensonge… répétait-il en fronçant les sourcils.

Nestvitzkï l’arrêta et l’emmena chez lui.

Rostov et Denissov emportèrent le blessé.

Dolokhov, les yeux fermés, était couché dans le traîneau et ne répondait rien aux questions qu’on lui posait. Mais en entrant à Moscou, il parut s’éveiller, et, levant la tête avec effort, il prit la main de Rostov qui était assis près de lui. Rostov était frappé de l’expression tout à fait changée et inattendue, enthousiaste et tendre, du visage de Dolokhov.

— Eh bien, quoi ? Comment te sens-tu ? lui demanda Rostov.

— Mal ! Mais il ne s’agit pas de cela, mon ami, — fit Dolokhov d’une voix suffocante. — Où sommes-