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s’avança vers Bagration. Tous se levèrent : on sentait que le dîner était plus important que les vers.

De nouveau Bagration, devant tous les autres, se dirigeait vers la table. Il occupait la place d’honneur entre deux Alexandre : Beklechov et Narischkine, ce qui avait son importance vu le prénom de l’empereur. Trois cents convives prirent place à la table suivant leurs grades et leur importance. Le plus important était plus près de l’hôte d’honneur… c’était aussi naturel que l’eau qui coule plus profondément où le sol est le plus bas.

Avant le dîner, le comte Ilia Andréiévitch présenta son fils au prince. Bagration le reconnut, prononça quelques paroles embarrassées, comme toutes celles qu’il proféra ce jour-là. Le comte Ilia Andréiévitch, heureux et fier, regardait toute l’assistance pendant que Bagration causait à son fils.

Nicolas Rostov, Denissov et son nouvel ami Dolokhov étaient assis côte à côte, presqu’au milieu de la table. En face d’eux se trouvait Pierre, voisin du prince Nesvitzkï.

Le comte Ilia Andréiévitch était en face de Bagration avec les autres directeurs du club et soignait le prince en personnifiant toute l’hospitalité moscovite.

Ses efforts n’étaient pas perdus.

Les plats maigres et gras étaient exquis, et cependant il ne pouvait être sans inquiétude jusqu’à la fin du dîner. Il clignait des yeux au maître d’hô-