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— Mais embrasse-moi !

— Petite âme, et moi…

Sonia, Natacha, Pétia, Anna Mikhaïlovna, Véra, le vieux comte, l’embrassaient. Les domestiques et les femmes de chambre s’exclamaient en emplissant la maison de leurs « ah ! »

Pétia s’accrochait à ses jambes.

— Et moi ! cria-t-il.

Natacha s’éloignait de lui, après l’attirait vers elle, et embrassait tout son visage en se cramponnant aux pans de son uniforme ; elle sautait comme une chèvre, toujours à la même place, et poussait des cris perçants.

De tous côtés, des yeux brillants, aimants, des larmes de joie, des lèvres qui cherchaient des baisers.

Sonia, toute rouge, lui tenait aussi le bras et s’épanouissait toute en un regard heureux fixé sur les yeux qu’elle guettait. Sonia avait déjà plus de seize ans. Elle était très jolie, surtout en ce moment d’animation heureuse, enthousiaste. Elle le regardait sans détacher ses yeux, en souriant et retenant son souffle. Il la regardait avec reconnaissance, mais il attendait et cherchait quelqu’un. La vieille comtesse n’était pas encore là. Mais on entend des pas derrière la porte, des pas si rapides que ce ne peut être sa mère. Mais c’était elle, vêtue d’une robe nouvelle qu’il ne connaissait pas, faite en son absence. Tous le