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Les uns confirmaient que l’Empereur était blessé, d’autres le niaient et attribuaient ce bruit mensonger à ce que dans la voiture de l’Empereur avait passé rapidement, quittant le champ de bataille, le grand maréchal de la Cour, comte Tolstoï, pâle, effrayé, qui était avec les autres, dans la suite de l’Empereur, sur le champ de bataille.

Un officier dit à Rostov qu’il avait vu à gauche, dans le village, quelques grands personnages. Rostov s’y rendit sans espoir de trouver quelqu’un, mais par acquit de conscience. Après avoir parcouru trois verstes et dépassé les dernières troupes russes, près d’un potager entouré de fossés, Rostov aperçut deux cavaliers devant le fossé ; l’un avec un plumet blanc au chapeau, ne sembla pas inconnu à Rostov ; l’autre, un cavalier inconnu, sur un beau cheval roux (Rostov crut connaître ce cheval, s’approchait du fossé, éperonnait son cheval, et, lâchant les guides, sautait légèrement le fossé du potager, seule la terre tombait des sabots de derrière du cheval.

Faisant faire volte-face au cheval, de nouveau il sauta le fossé et s’adressa respectueusement au cavalier en plumet blanc, en lui proposant, évidemment, de faire la même chose. Le cavalier dont le visage semblait connu à Rostov et attirait involontairement son attention, fit un geste négatif de la tête et de la main, et à ce geste, Rostov reconnut aussitôt son Empereur pleuré, adoré. « Mais ce ne