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XVIII

Rostov avait l’ordre de rejoindre Koutouzov ou l’empereur près du village Pratzen ; et, non seulement ils n’étaient pas ici, mais il ne s’y trouvait aucun chef, il n’y avait que des bandes diverses de troupes désorganisées. Il activa son cheval, déjà harassé, pour dépasser plus vite ces foules, mais plus il avançait, plus ces foules étaient désordonnées. Sur la grand’route, où il marchait, se heurtaient calèches et équipages de toutes sortes, des soldats russes et autrichiens de diverses armes, blessés et non blessés. Toute cette foule houlait et bouillonnait sous le bruit sombre des obus des batteries françaises postées sur les hauteurs de Pratzen.

— Où est l’empereur ? Où est Koutouzov ? — demandait Rostov à tous ceux qu’il pouvait arrêter ; mais de personne il ne pouvait obtenir de réponse. Enfin, saisissant un soldat par le collet, il l’obligea à lui répondre.