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générale. Mais maintenant, en mettant avec un plaisir particulier et naturel la cause du désordre sur le compte des Allemands balourds, tous étaient convaincus de l’existence d’une confusion nuisible, produite par les mangeurs de saucisses.

— Pourquoi vous arrêtez-vous ? — Est-ce que la route est barrée ? — S’est-on heurté aux Français ?

— Non, on n’entend rien. Autrement ils tireraient.

— Voilà, on s’est hâté de sortir, et maintenant on s’arrête bêtement au milieu des champs. — Ce sont toujours ces maudits Allemands qui gâtent tout. Quels diables de brouillons ! — Moi, je les laisserais passer devant. Mais ils se serrent derrière. Et voilà, reste ici sans manger. — Eh bien ! Ça viendra bientôt ?

— On dit que la cavalerie a barré la route, — dit un officier.

— Ah ! ces maudits Allemands, ils ne connaissent pas leur pays ! — disait un autre.

— De quelle division êtes-vous ? — demanda un aide de camp qui s’approchait.

— De la 18e.

— Alors, pourquoi êtes-vous ici ? Il y a longtemps que vous devriez être en avant. Maintenant vous ne pourrez avancer avant le soir.

— En voilà des ordres stupides ! Ils ne savent eux-mêmes ce qu’ils font, — dit un officier en s’éloignant.

Ensuite un général passa ; avec colère, il criait quelque chose, pas en langue russe.