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quels les uns ne faisaient que s’esquisser dans son esprit, les autres étaient réalisés, et les troisièmes disparaissaient. Par exemple, il ne se disait pas : « Cet homme a maintenant une grande influence, je dois acquérir sa confiance et son amitié et, par lui, recevoir une subvention », ou : « Voilà, Pierre est riche, je dois le circonvenir, lui faire épouser ma fille et lui emprunter les quarante mille roubles dont j’ai besoin. » Mais, rencontrait-il l’homme influent, à ce même moment, l’instinct lui disait que cet homme pouvait être utile, et le prince Vassili se rapprochait de lui, et à la première occasion, sans étude, par instinct, il le flattait, devenait familier et lui parlait de ce qui lui était nécessaire.

À Moscou, Pierre se trouva sous la main du prince Vassili qui s’arrangea pour le faire nommer gentilhomme de la chambre, ce qui équivalait alors au rang de conseiller d’État, et il insista pour que le jeune homme vînt avec lui à Pétersbourg et s’arrêtât dans sa maison. Comme par hasard, et en même temps avec une assurance absolue qu’il en devait être ainsi, le prince Vassili faisait tout ce qui était nécessaire pour faire marier Pierre avec sa fille. Si le prince Vassili avait fait ses plans d’avance, il n’aurait pu avoir un tel naturel dans les relations et une telle simplicité familiale dans tous ses rapports avec les hommes placés plus haut et plus bas que lui. Quelque chose l’attirait