Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

subordination et cette discipline écrites dans les règlements, enseignées au régiment et qu’il connaissait lui-même, il existe une autre subordination, plus essentielle, celle qui force le général au visage cramoisi à attendre respectueusement, alors que le capitaine prince André, pour son propre plaisir, préfère causer avec le sous-lieutenant Droubetzkoï. Plus que jamais Boris résolut de s’attacher, moins à obéir aux règlements qu’à se conformer à cette subordination non écrite. Il sentit maintenant que ce fait seul d’être recommandé au prince André le faisait d’un coup supérieur à ce général qui, en l’autre cas, dans les rangs, pourrait perdre le sous-lieutenant de la garde. Le prince André s’approcha de lui et lui prit la main.

— C’est bien dommage que vous ne m’ayez pas rencontré hier. J’ai passé toute la journée avec ces Allemands. Nous sommes allés avec Veyroter contrôler la disposition. Quand les Allemands se piquent d’exactitude, on n’en finit plus !…

Boris sourit comme s’il comprenait ce à quoi le prince André faisait allusion ; mais il entendait pour la première fois le nom de Veyroter et même le mot disposition.

— Eh bien, mon cher, vous tenez toujours à être aide de camp ? J’ai pensé à vous tout ce temps.

— Oui, je le désirerais, — répondit Boris en rougissant. — J’ai eu l’intention de supplier le gé-