Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du prince André, malgré le mépris général que Rostov professait pour tous les aides de camp de l’état-major auquel appartenait évidemment le nouveau venu, Rostov se sentit confus, rougit et se tut. Boris demanda quelles étaient les nouvelles à l’état-major et, sans indiscrétion, ce qu’on disait des nouvelles dispositions.

— Probablement une marche en avant, répondit Bolkonskï, qui sans doute ne désirait pas parler davantage devant des étrangers.

Berg profita de l’occasion pour demander, avec une politesse particulière, si l’on donnerait maintenant, comme on en avait parlé, la double solde de fourrage au chef de compagnie. À cela le prince André répondit avec un sourire qu’il ne pouvait juger une si grave question d’État, et Berg sourit joyeusement.

— De ce qui vous concerne, dit encore le prince André à Boris, nous parlerons après, et il regarda Rostov. — Venez chez moi après la revue, nous ferons tout ce qui sera possible. Et, en parcourant du regard la chambre, il s’adressa à Rostov dont il ne daignait pas remarquer la gêne enfantine et invincible qui se transformait en colère.

— Vous narriez, je crois, l’affaire de Schœngraben ? Vous y étiez ?

— J’y étais, — répondit Rostov d’un ton irrité, comme s’il voulait par là blesser l’aide de camp.