la vieille comtesse, selon les conseils d’Anna Mikhaïlovna, l’avait reçue par ses connaissances et l’envoyait à son fils en lui demandant de la remettre à destination et d’en profiter.
— En voilà des bêtises ! j’en ai bien besoin, dit Rostov en jetant la lettre sous la table.
— Pourquoi l’as-tu jetée ? demanda Boris.
— Une lettre de recommandation, que diable, je n’en ai pas besoin.
— Comment, tu te moques de cette lettre, — dit Boris qui avait ramassé la lettre et la lisait ; cette lettre t’est très nécessaire.
— Non pas du tout, et je ne veux être aide de camp de personne.
— Pourquoi ?
— C’est une fonction de valet.
— Comme je vois, tu es toujours le même rêveur, dit Boris en hochant la tête.
— Et toi, toujours le même diplomate. Mais il ne s’agit pas de cela… Eh bien ! Comment vas-tu ? — demanda Rostov…
— Moi, comme tu vois. Jusqu’ici tout va bien, mais j’avoue que je désirerais beaucoup être nommé aide de camp et ne pas rester dans les rangs.
— Pourquoi !
— Parce qu’une fois engagé dans la carrière militaire il faut tâcher, autant que possible, de la faire brillante !