Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol7.djvu/419

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout rouge, s’adressait à l’aide de camp envoyé vers lui. — Qu’il fasse ce qu’il voudra. Moi je ne puis sacrifier mes hussards. Trompette ! sonne la retraite.

Mais l’affaire devenait urgente, La fusillade et la canonnade, se confondant, éclataient à droite et au centre, et les capotes françaises des tirailleurs de Lannes traversaient déjà la digue du moulin et s’alignaient de l’autre côté à la distance de deux portées de fusil. D’un pas nerveux, le colonel d’infanterie s’approcha du cheval, le monta et devenu très droit et très haut, se dirigea vers le commandant du régiment de Pavlograd. Les commandants se rencontrèrent avec un salut poli et une colère cachée dans le cœur.

— Colonel, je vous demande de nouveau. Je ne puis cependant laisser la moitié de mes hommes dans la forêt, — dit le général. — Je vous demande d’occuper la position et de vous préparer à l’attaque.

— Et moi, je vous demande de ne pas vous mêler de ce qui ne vous regarde pas, — répondit le colonel s’emportant. — Si vous étiez un cavalier…

— Je ne suis pas cavalier, colonel ; mais je suis général russe, et si vous l’ignorez…

— Je le sais, Votre Excellence, — cria tout à coup le colonel en poussant son cheval et devenant cramoisi. — Voulez-vous aller à la ligne et vous verrez que cette position ne vaut rien. Je ne veux