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chement harassé et affamé de Bagration devait rester immobile devant l’ennemi huit fois plus fort, en couvrant le mouvement des fourgons et de toute l’armée.

L’espoir de Koutouzov se réalisait, la proposition de capitulation, qui n’obligeait à rien, donnait à une partie des fourgons le temps de passer, et la faute de Murat ne devait pas tarder à se montrer.

Aussitôt que Bonaparte qui se trouvait à Schœnbrün, à vingt-cinq verstes d’Hollabrün, reçut le rapport de Murat et le projet d’armistice et de capitulation, il flaira un piège et écrivit à Murat la lettre qui suit :


Au prince Murat.


Schœnbrün, 25 brumaire, en 1805.
À huit heures du matin.

Il m’est impossible de trouver des termes pour vous exprimer mon mécontentement. Vous ne commandez que mon avant-garde et vous n’avez pas le droit de faire d’armistice sans mon ordre. Vous me faites perdre le fruit d’une campagne. Rompez l’armistice sur-le-champ et marchez à l’ennemi. Vous lui ferez déclarer que le général qui a signé la capitulation n’avait pas le droit de le faire, qu’il n’y a que l’Empereur de Russie qui ait ce droit.

Toutes les fois cependant que l’Empereur de