disait la chanson, en excitant, malgré soi des sentiments de bravoure et de joie.
Leur conversation aurait sans doute été autre s’ils n’eussent pas parlé sous l’accompagnement de la chanson.
— Est-ce vrai qu’on a battu les Autrichiens ? — demanda Dolokhov.
— Diable le sait, on le dit.
— Je suis heureux, — dit Dolokhov, court et net, comme le demandait la chanson.
— Eh bien, viens chez nous le soir, nous jouerons à la banque, dit Jerkov.
— Avez-vous donc beaucoup d’argent, maintenant ?
— Viens.
— Impossible. J’ai donné ma parole. Je ne bois ni ne joue avant de regagner mes galons.
— Mais, à la première affaire…
— On verra.
Ils se turent de nouveau.
— Viens, s’il te faut quelque chose on t’aidera toujours dans l’état-major, — dit Jerkov.
Dolokhov sourit :
— Ne t’inquiète pas. Je demanderai ce qu’il me faut, je le prendrai moi-même.
— Mais quoi, je… comme ça…
— Moi aussi, comme ça…
— Adieu.
— Au revoir.