cligna des yeux, et ensuite, sûr que tous les yeux étaient fixés sur lui, il fit le geste de soulever prudemment, des deux mains, au-dessus de sa tête, un objet précieux, invisible, de le tenir ainsi pendant quelques secondes, puis, tout d’un coup, de le jeter crânement :
Ah, ma maisonnette, ma maisonnette !
Ma maisonnette toute neuve[1] !…
reprirent vingt voix ; et le soldat porteur des triangles,
malgré sa charge, sauta gaiement en avant,
et vint danser à reculons devant la compagnie en
agitant les épaules et menaçant quelqu’un avec les
cuillers. Les soldats, balançant les mains en mesure
de la chanson, marchaient à grands pas. Derrière
la compagnie, on entendit un bruit de voiture
à ressorts et le trot des chevaux. Koutouzov
et sa suite revenaient à la ville. Le commandant
en chef donna l’ordre que les soldats continuassent
à marcher sans se déranger et son visage et ceux
des officiers de sa suite exprimèrent le plaisir aux
sons du couplet, et à la vue du soldat dansant et
des soldats qui marchaient gaiement, bravement.
Dans le deuxième rang à droite on remarquait,
malgré soi, le soldat aux yeux bleus, Dolokhov,
qui, avec une grâce toute particulière, marchait
bravement, en mesure de la chanson, et regardait
- ↑ Chanson populaire intraduisible littéralement. (N. du T.)