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tout en continuant sa lettre. — Je le ferai. — Il parapha sa signature. Tout à coup, il se tourna vivement vers le fils et rit. — Les affaires vont mal, hein ?

— Mal ? quoi, mon père ?

Femme, tout simplement — trancha net le vieux prince.

— Je ne comprends pas, dit le prince André.

— Oui, il n’y a rien à faire, mon ami — dit le prince — elles sont toutes les mêmes. N’aie pas peur, je n’en dirai rien à personne et toi-même tu le sais. » Dans sa main osseuse et petite il prit celle de son fils, la secoua, en le regardant droit dans les yeux, de son regard rapide perçant ; et de nouveau éclata son rire froid.

Le fils soupira, avouant par ce soupir que le père l’avait compris.

Le vieux plia et cacheta la lettre avec sa vivacité habituelle, puis rejeta la cire, le cachet et le papier.

— Que faire ? Elle est belle ? Je ferai tout, sois tranquille — dit-il.

André se tut. Il lui était agréable et désagréable en même temps d’être compris par son père. Le vieux se leva et remit la lettre à son fils.

— Écoute — dit-il — ne t’inquiète pas de ta femme, tout ce qui est possible sera fait. Maintenant, écoute, voici une lettre pour Mikhaïl Ilarionovitch. Je lui écris qu’il te donne une place et ne te laisse pas longtemps aide de camp, c’est une mauvaise fonction ! Dis-lui que je me souviens de