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les généraux actuels, les hommes d’État. Le vieux prince semblait convaincu non seulement que les hommes d’état actuels, étaient tous des gamins ne comprenant même pas l’a. b. c. de l’œuvre militaire et gouvernementale, et que Bonaparte n’était qu’un misérable petit Français n’ayant de succès que parce qu’on n’avait pas à lui opposer des Potemkine et des Souvorov ; mais il était même convaincu qu’il n’y avait en Europe aucun différend politique, qu’il n’y avait pas de guerre et que tout cela n’était qu’une comédie de marionnettes que jouaient les hommes d’état actuels pour feindre de faire quelque chose. Le prince André supportait gaîment les moqueries de son père sur les hommes nouveaux, et trouvait une joie visible à exciter le père et à l’écouter.

— Tout ce qui était autrefois vous paraît bon — dit-il — Souvorov lui-même ne tomba-t-il pas dans le piège que lui tendit Moreau, et dont il ne savait comment sortir ?

— Qui t’a dit cela ? Qui te l’a dit, cria le prince. Souvorov ! — et il repoussa son assiette qu’attrapa vivement Tikhone — Souvorov !… réfléchis… prince André : Il n’y en a que deux : Frédérick et Souvorov… Moreau !… Moreau serait prisonnier si Souvorov avait eu les mains libres, mais il avait sur son dos les Hof-Kriegs-Wurstschnapsrath, dont le diable ne se débarrasserait pas.

Vous verrez ce que sont ces Hof-Kriegs-Wurst-