funt, et surnommé le roi de Prusse. C’est un homme très intelligent, mais avec des bizarreries, et d’un commerce difficile. La pauvre petite est malheureuse comme les pierres. Elle a un frère, celui qui s’est marié récemment avec Lise Meïnen. Il est aide de camp de Koutouzov. Il sera chez moi aujourd’hui.
— Écoutez, chère Annette, — dit le prince en prenant tout à coup la main de son interlocutrice et la baisant. — Arrangez-moi cette affaire et je suis votre plus fidèle esclave à tout jamais. Elle est d’une bonne famille et riche. C’est tout ce qu’il me faut.
Et, avec les mouvements aisés, familiers, gracieux, qui le distinguaient, il prit la main de la demoiselle d’honneur, la baisa en l’agitant, puis s’enfonça dans son fauteuil et regarda de côté.
— Attendez, — dit Anna Pavlovna, en réfléchissant. — Aujourd’hui-même je parlerai à Lise (la femme du jeune Bolkonskï). Et peut-être tout cela s’arrangera-t-il. Ce sera dans votre famille que je ferai mon apprentissage de vieille fille.