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occupe tout Moscou est la mort du vieux comte Bezoukhov et son héritage. Figurez-vous que les trois princesses n’ont reçu que très peu de chose, le prince Basile n’a rien, et que c’est M. Pierre qui a tout hérité et qui, par-dessus le marché, a été reconnu pour fils légitime, par conséquent, comte Bezoukhov et possesseur de la plus belle fortune de la Russie. On prétend que le prince Basile a joué un très vilain rôle dans toute cette histoire, et qu’il est reparti tout penaud pour Pétersbourg.

» Je vous avoue que je comprends très peu toutes ces affaires de legs et de testament ; ce que je sais, c’est que depuis que le jeune homme que nous connaissions tous sous le nom de M. Pierre tout court, est devenu comte Bezoukhov et possesseur de l’une des plus grandes fortunes de la Russie, je m’amuse fort à observer les changements de ton et de manière des mamans accablées de filles à marier, et des demoiselles elles-mêmes, à l’égard de cet individu qui, par parenthèse, m’a paru toujours être un pauvre sire. Comme on s’amuse depuis deux ans à me donner des promis que je ne connais pas le plus souvent, la chronique matrimoniale de Moscou me fait comtesse Bezoukhov. Mais vous sentez bien que je ne me soucie nullement de la devenir. À propos de mariage, savez-vous que tout dernièrement la tante en général, Anna Mikhaïlovna, m’a confié sous le sceau