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lon est prêt pour l’oncle ; c’est bientôt l’heure, ajouta-t-elle, en montrant ainsi à Pierre qu’elles étaient occupées, et occupées exclusivement, à soigner son père, tandis que lui, ne songeait évidemment qu’à le déranger.

Olga sortit. Pierre, debout, regardait les sœurs, et dit en saluant :

— Alors, j’irai chez moi. Quand ce sera possible, vous m’en préviendrez.

Il sortit, et le rire sonore, bien que contenu, de la plus jeune sœur, éclata derrière lui.

Le lendemain, le prince Vassili arrivait et s’installait dans la maison du comte. Il fit appeler Pierre près de lui et lui dit :

Mon cher, si vous vous conduisez ici comme à Pétersbourg, vous finirez très mal, c’est tout ce que je vous dis. Le comte est très malade, tu ne dois pas le voir.

Depuis, personne ne s’était occupé de Pierre, et toute la journée il restait seul, en haut, dans sa chambre.

Quand Boris entra chez lui, Pierre arpentait sa chambre, s’arrêtant de temps à autre dans un coin, et faisant un geste menaçant dans la direction du mur, comme s’il perçait d’une épée un ennemi invisible ; puis il regardait sévèrement au-dessus de ses lunettes, et recommençait à marcher, en prononçant des mots vagues, en haussant les épaules, en écartant les bras.