je t’achèterais un amateur, une merveille. Récemment, un homme m’a demandé.
— En province ? demanda Doutlov.
Il comprenait la ville.
— Eh bien, tu rachèteras ?
— Je serais heureux devant Dieu, mais…
Egor Mikhaïlovitch l’interrompit sévèrement.
— Eh bien, écoute donc, vieux : qu’Iluchka ne tente rien contre lui : quand j’enverrai, aujourd’hui ou demain, qu’il soit prêt sur-le-champ. Tu le conduiras et tu en seras responsable et si, Dieu l’en garde, il lui arrivait quelque chose, j’enverrais ton aîné, tu comprends ?
— Mais on ne peut envoyer un homme pris parmi deux travailleurs, Egor Mikhaïlovitch. C’est pas de chance, — dit-il après un silence : — mon frère est mort soldat et l’on prend encore le fils. Pourquoi m’arrive-t-il un tel malheur ? — fit-il, pleurant presque et prêt à tomber à genoux.
— Eh bien ! va ; on n’y peut rien : c’est l’ordre. Surveille bien Iluchka : tu en es responsable, — dit Egor Mikhaïlovitch.
Doutlov se rendit chez lui en frappant, songeur, les cailloux de la route.