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III

Le même soir, alors que l’assemblée qui choisissait la recrue criait près du bureau, dans le brouillard froid d’une nuit d’octobre, Polikeï était assis au bord du lit, près de la table, et écrasait avec une bouteille un ingrédient inconnu de lui-même, destiné à un cheval. Il y avait du sublimé, du soufre, du sel de Glauber, et de l’herbe que Polikeï cueillait. Une fois il s’était imaginé que cette herbe était bonne pour la pousse, et il ne trouvait pas inutile de la donner aussi dans d’autres cas. Les enfants étaient déjà couchés : deux sur le poêle, deux dans le lit, un dans le berceau, près duquel était assise Akoulina devant son métier. Un bout de bougie, du bougeoir de maître, mal gardé, était sur le bord de la fenêtre dans un chandelier de bois ; et, pour que son mari ne se détachât pas de ses occupations graves, Akoulika se levait pour moucher la mèche avec ses doigts.