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dant de passer dans cette rue et la dirigea dans des ruelles. Tikhonovna ne soupçonnait pas qu’on les avait chassées de Vozdvijenka parce que, dans cette rue même, devait passer le tzar objet de ses pensées, à qui elle voulait écrire et remettre la supplique.

La femme du diacre marchait comme toujours d’un pas lourd et fatigué. Tikhonovna avait, comme à l’ordinaire, l’allure rapide et légère d’une jeune femme. Les pèlerines s’arrêtèrent près de la porte cochère. La femme du diacre ne reconnaissait pas la cour. Il y avait une izba neuve qui ne s’y trouvait pas autrefois. Mais quand la femme du diacre aperçut le puits avec la pompe, dans le coin de la cour, elle la reconnut.

Les chiens se mirent à aboyer et à se jeter sur les vieilles qui tenaient un bâton.

— C’est rien, petite tante, ils ne mordent pas. Hou ! les canailles ! cria le portier aux chiens qu’il menaça d’un balai. Voilà, eux-mêmes sont du village et ils se jettent sur les campagnardes. Venez par ici, autrement vous allez vous tremper. Dieu n’envoie pas de gelée.

La femme du diacre, effrayée par le chien, pour provoquer la pitié, en geignant, s’assit sur un petit banc, près de la porte, et demanda au portier de la conduire. Tikhonovna salua le portier, et s’appuyant sur son bâton, les pieds écartés, elle s’arrêta près d’elle, comme toujours regardant tran-