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En route Tikhonovna raconta son malheur. La femme du diacre lui conseilla de prier le tzar qui, avait-on dit, serait à Penza, et elle lui raconta plusieurs cas de grâces. À Penza les pèlerines reconnurent que ce n’était pas le tzar qui venait d’arriver, mais son frère, le grand-duc Nicolas Pavlovitch. À la sortie de la cathédrale de Penza, Tikhonovna se mit en avant, tomba aux genoux du grand-duc et le supplia d’intercéder pour son mari. Le grand-duc fut étonné ; le gouverneur de la province se fâcha et la vieille fut emmenée au poste. Le lendemain Tikhonovna fut remise en liberté, et partit plus loin, au couvent de la Trinité. Tikhonovna fit ses dévotions à l’église et communia chez le père Païssi. À confesse, elle lui raconta son malheur et avoua qu’elle avait remis une supplique au frère du tzar. Le père Païssi lui dit que ce n’était point un péché, qu’il n’est pas péché de supplier le tzar pour une affaire juste et lui donna l’absolution.

À Khotkov, elle alla visiter une innocente qui lui conseilla d’implorer le tzar lui-même.

Au retour, Tikhonovna, avec la femme du diacre, passa à Moscou, pour visiter les reliques. Elle apprit que le tzar était à Moscou, et elle pensa que c’était Dieu lui-même qui lui ordonnait de le supplier. Il fallait seulement écrire la supplique. À Moscou, les pèlerines s’arrêtèrent dans une auberge. Elles demandèrent à passer la nuit, on les