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— Parfaitement.

— Eh bien ! Va !

En approchant d’un endroit dangereux, Michka descendit de derrière la voiture, et examina le chemin, puis il remonta, et la voiture passa heureusement la digue de l’étang et roula dans l’allée, passa devant le cellier, la buanderie, d’où l’eau coulait du toit goutte à goutte, et, en roulant, s’arrêta fièrement devant le perron. La calèche des Tchernichov venait de sortir de la cour. Des domestiques parurent aussitôt : le sombre vieillard à favoris, Danilitch, Nicolas, frère de Mikhaïlo, un jeune garçon Pavlouchka, derrière, une fillette aux grands yeux noirs, les bras rouges, nus jusqu’au coude, et le cou aussi nu.

— Maria Ivanovna ! Maria Ivanovna ! Où allez-vous ? Votre mère sera inquiète. Vous avez le temps. — C’était la voix de la grosse Catherine. Mais la fillette ne l’écoutait pas. Comme le père s’y attendait, elle le prit par la main et, le regardant d’un air particulier, elle lui demanda, presque craintivement :

— Eh bien ! Petit père, as-tu communié ?

— Oui. Me croyais-tu si grand pécheur qu’on ne pût me donner la communion ?

La jeune fille parut attristée de la plaisanterie de son père, en un moment si solennel. Elle soupira et le suivit en lui tenant la main qu’elle baisait.

— Qui est venu ?