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— Jamais.

— Tu es toujours aussi fou. — Mais elle aimait ce fou.

— Il faut rester ici, puis aller à la campagne et montrer tout aux enfants.

— J’ai pour principe qu’il ne faut pas se mêler aux affaires de famille ni donner de conseils, — dit Maria Ivanovna en calmant son émotion. — J’ai toujours pensé et je pense qu’un jeune homme doit servir ; et maintenant plus que jamais. Tu ne sais pas, Pétroucha, ce qu’est la jeunesse d’à-présent, je les connais tous. Ainsi le fils du prince Dmitrï : il est tout à fait perdu. Il est vrai que c’est de leur faute. Moi je ne crains personne, je suis vieille et je dis que ce n’est pas bien. Elle se mit à parler du gouvernement.

Elle était mécontente du trop de liberté qu’on donnait à tout le monde. « Il n’y a qu’une seule chose de bien, c’est qu’on vous a laissé partir. »

Pierre voulait discuter mais avec Maria Ivanovna ce n’était pas comme avec Pakhtine ; ils ne pouvaient s’entendre. Elle s’emportait.

— Eh bien ! qu’est-ce que tu défends ! Est-ce à toi de défendre ! Je vois que tu es toujours le même fou.

Piotr Ivanovitch se taisait avec un sourire qui montrait qu’il ne cédait pas mais ne voulait pas discuter avec elle.

— Tu souris. Nous savons : tu ne veux pas dis-