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qu’elle était autrefois et ce qu’ils étaient maintenant tous deux, quand tout se dressait vivement à son imagination : les malheurs, la joie et l’amour d’autrefois, elle se levait et répétait : « Comme tu es sot, Pétroucha ! Quel sot de ne pas m’avoir prévenue ! »

— Pourquoi n’êtes-vous pas venus tout droit chez moi ? Je pourrais vous loger, — dit-elle. — Au moins vous dînerez chez moi. Tu ne t’ennuieras pas chez moi, Sergueï ; chez moi dîne un brave de Sébastopol ! Et tu connais le fils de Nicolas Mikhaïlovitch ? C’est un écrivain. Il a écrit là-bas quelque chose de beau. Je ne l’ai pas lu mais on le loue, et c’est un charmant garçon, je l’inviterai aussi. Tchikhaiev voulait aussi venir. C’est un bavard, je ne l’aime pas. Il est allé déjà chez toi ? Et Nikita, l’as-tu vu ? Mais tout cela ne signifie rien. Qu’as-tu l’intention de faire ? Qu’avez-vous ? Et votre santé, Nathalie ? Où mettrons-nous ce jeune homme et cette belle ?

Mais la conversation ne s’arrangeait pas.

Avant le dîner, Nathalie Nikolaievna et ses enfants allèrent voir une vieille tante. Le frère et la sœur restèrent seuls, et il se mit à exposer ses projets.

— Sonia est grande, il faudra la sortir, alors nous vivrons à Moscou, — dit Maria Ivanovna.

— Jamais.

— Sérioja doit servir.