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— Que fais-tu ?

— Je n’ai pas encore bu, papa, pardon.

Il sourit.

— Eh bien, allons chez Maria Ivanovna. Vous nous excuserez, monsieur Pakhtine.

Piotr Ivanovitch sortit en portant haut la tête.

Dans le vestibule, il rencontra encore un général qui venait faire visite à son vieux camarade.

Ils ne s’étaient pas vus depuis trente-cinq ans. Le général était déjà sans dents et chauve.

— Et toi tu es encore tout vert, — dit-il. — On voit que la Sibérie est mieux que Pétersbourg. Ce sont les tiens ? Présente-moi. Quel beau garçon, ton fils. Alors demain, pour dîner ?

— Oui, oui, sans faute.

Sur le perron, ils rencontrèrent le célèbre Tchikhaev, une vieille connaissance aussi.

— Comment avez-vous appris mon retour ?

— Ce serait une honte pour Moscou de ne pas le savoir. C’est déjà honteux qu’on ne vous ait pas rencontré aux remparts. Où dînez-vous ? Sans doute chez votre sœur, Maria Ivanovna ? Eh bien, c’est bon, j’irai aussi.

Piotr Ivanovitch avait toujours l’air d’un homme orgueilleux pour ceux qui ne pouvaient voir, à travers l’extérieur, sa bonté incomparable et sa sensibilité, et maintenant même, Natalia Nikolaievna admirait sa majesté inaccoutumée. Sophie Petrovna souriait des yeux en le regardant. Ils arrivèrent