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Natalia Nikolaievna déclara qu’elle ne recevrait personne et qu’elle irait de suite chez Maria Ivanovna. Piotr Ivanovitch y consentit, malgré son désir de causer avec beaucoup de visiteurs.

Pakhtine fut le seul visiteur qui parvint à lever la consigne. Si on avait demandé à Pakhtine pourquoi il était allé de Pretchistenka à la petite rue Gazetné, il n’aurait pu donner aucun motif, sauf celui d’aimer tout ce qui est nouveau et intéressant, c’est pourquoi il était venu voir Piotr Ivanovitch comme une rareté. On pourrait croire qu’un homme qui vient chez un inconnu avec cette seule raison dût être intimidé, et, au contraire, c’étaient Piotr Ivanovitch, son fils et sa fille, qui étaient gênés.

Natalia Nikolaievna était trop grande dame pour être gênée par quoi que ce fût. Le regard fatigué de ses beaux yeux noirs tombait tranquillement sur Pakhtine, et Pakhtine était dispos, content de soi, gai, aimable comme toujours.

Il était un ami de Maria Ivanovna.

— Ah ! — fit Natalia Nikolaievna.

— Pas un ami, il y a trop de différence d’âge, mais elle a toujours été bonne pour moi. — Depuis longtemps Pakhtine était un admirateur de Piotr Ivanovitch, il connaissait ses compagnons. Il espérait pouvoir être utile aux voyageurs, il serait venu dès hier, il n’en avait pas eu le temps et demandait qu’on l’excusât. Puis il s’assit et parla longuement.