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d’officiers et des gens de toutes sortes ne pouvaient définir leur qualité.

Quel était ce vieillard, bruni depuis longtemps, aux rides larges et droites d’un travailleur, rides particulières qui ne ressemblent pas à celles acquises au club anglais, aux cheveux et à la barbe blancs comme neige, au regard bon et fier, aux mouvements énergiques ? Quelle était cette dame, grande, à l’allure imposante, aux yeux fatigués, éteints, grands et beaux ? Quelle était cette jeune fille fraîche, gracieuse, forte, mais ni mondaine, ni timide ? Des marchands ? non ; des étrangers non plus ; des seigneurs ? On n’en connaissait pas de tels. Mais ce sont des gens importants. Ainsi pensaient ceux qui les voyaient à l’église, et, on ne sait pourquoi, ils leur cédaient plus vite et plus volontiers le chemin qu’aux messieurs à grosses épaulettes. Piotr Ivanovitch se tenait à l’église avec autant de majesté qu’en y entrant ; il priait tranquillement, sans se distraire. Natalie Nikolaievna se mettait à genoux avec grâce, et, pendant le cantique des chérubins, elle tira son mouchoir et pleura beaucoup. Sonia semblait faire effort sur elle-même pour prier ; la prière ne lui venait pas, mais elle ne se retournait pas et faisait respectueusement le signe de croix.

Serge était resté à la maison, d’une part parce qu’il avait beaucoup dormi, d’autre part parce qu’il n’aimait pas aller à la messe. Ses jambes se fati-