était assis près du prince D. qu’il tutoyait. Il ne refusait pas le verre de champagne qu’on lui offrait. Il s’était si bien installé après le dîner, — il avait, sans qu’on l’eût remarqué, élargi la ceinture de son pantalon, — qu’il semblait pouvoir rester ainsi tout un siècle, à fumer le cigare, boire du champagne, en sentant la présence très proche des princes, des comtes et des fils de ministres. La nouvelle de l’arrivée de Labazov rompit son calme.
— Où vas-tu, Pakhtine ! — dit un fils du ministre qui remarqua, tout en jouant, que Pakhtine se levait, rajustait son gilet et, d’un seul trait, buvait son champagne.
— Severnikov m’a demandé — dit Pakhtine en sentant quelque faiblesse dans les jambes.
— Eh bien, quoi ! tu iras ?
Anastasie ! Anastasie ! ouvre les portes.
C’était une chanson tzigane alors à la mode.
— Peut-être, et toi ?
— Moi je ne peux pas. Un vieillard marié !
— Va !
Pakhtine, en souriant, sortit dans la salle des glaces, chez Severnikov. Il aimait finir par une plaisanterie, et maintenant elle venait comme ça.
— Eh bien, comment va la santé de la comtesse ? demanda-t-il en s’approchant de Severnikov qui ne l’avait pas du tout demandé, mais qui,