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M. Chevalier quand on lui apporta le passeport. Mais l’officier de Cosaques lui arracha le papier et son visage exprima soudain de l’étonnement.

— Eh bien ! devinez qui c’est ? Vous tous le connaissez au moins de nom.

— Mais comment peut-on deviner ? montre. Eh bien ! Abd-el-Kader ! Ah ! ah ! ah ! Cagliostro !… Pierre III ! Ah ! ah ! ah !

— Eh bien, lis donc.

L’officier de Cosaques déplia le papier et lut : « Ex-prince Piotr Ivanovitch… » et il lut un de ces noms russes que chacun connaît et prononce avec un certain respect mêlé de plaisir, quand on parle de la personne qui porte ce nom comme d’une personne proche ou connue. Nous l’appellerons Labazov. L’officier de Cosaques se rappelait vaguement que ce Pierre Labazov avait été célèbre par quelque chose en 23, qu’il avait été condamné aux travaux forcés. Mais, par quoi était-il célèbre, il ne le savait pas bien. Parmi les autres, personne ne le savait, et ils répondirent : — « Ah, oui, il est connu ! » comme ils auraient dit : « Comment donc, connu, oui, connu ! » de Shakespeare, auteur de l’Énéide. Mais ils étaient mieux renseignés parce que le gros leur expliqua que c’était le frère du prince Ivan, l’oncle des Tchikine, de la comtesse Prouk ; en un mot qu’il était connu…

— Il est probablement très riche s’il est le frère du prince Ivan, et si on lui a rendu sa fortune, —