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ou pour l’arrivée, ou tout simplement remarque qu’on ne vous a pas vu depuis longtemps, bien que vous n’ayez jamais été dans cet établissement.

Vous entrez, et la première chose qui vous saute aux yeux, c’est la table garnie, comme il vous semble, d’une quantité innombrable de plats appétissants. Mais ce n’est qu’une illusion d’optique, car la plus grande place est occupée par les faisans emplumés, des langoustes vivantes, de petites boîtes de parfums et de pommades, des fioles, des cosmétiques, des bonbons. Seulement, au bord de la table, après avoir bien cherché, vous trouvez de l’eau-de-vie, un morceau de pain beurré, avec des petits poissons, sous un garde-mouches tout à fait inutile à Moscou au mois de décembre, mais tout à fait semblable à ceux qu’on emploie à Paris. Plus loin, en face de la table, vous voyez une chambre, là un bureau devant lequel est assise une Française au visage répugnant mais avec des manchettes immaculées et une jolie robe à la mode.

Près de la Française vous verrez un officier en uniforme déboutonné qui boit de l’eau-de-vie, un civil qui lit le journal et des jambes quelconques, militaires ou civiles, qui se reposent sur la chaise de velours, et vous entendrez une conversation française et de grands éclats de rire plus ou moins naturels. Si vous désirez savoir ce qui se fait dans