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d’un rire si jovial que toutes les personnes qui étaient dans les chambres, depuis sa femme jusqu’à la servante et un homme de peine éclatèrent de rire également. Ce rire excita encore plus le vieux. Il trouva que le divan, dans la chambre de sa femme et de sa fille, n’était pas bien installé, bien que toutes deux affirmassent le contraire en le priant de se calmer.

Pendant qu’avec l’homme de peine il essayait de déloger le meuble, le propriétaire de l’hôtel, un Français, entra dans la chambre.

— Vous m’avez demandé ? — dit-il sévèrement ; et, comme preuve de son dédain ou de son indifférence, il tira lentement un mouchoir, lentement le déplia, et lentement se moucha.

— Oui, mon cher ami, — dit Piotr Ivanovitch en allant vers lui. — Voilà, voyez-vous, nous ne savons pas combien de temps nous passerons ici, moi et ma femme… — Et Piotr Ivanovitch, qui avait la faiblesse de voir en chaque homme son prochain, se mit à lui raconter les circonstances de sa vie et ses projets.

M. Chevalier ne partageait pas cette opinion sur les gens et s’intéressait peu aux renseignements que lui fournissait Piotr Ivanovitch. Mais la belle langue française que parlait Piotr Ivanovitch (comme on le sait, en Russie, la langue française est presqu’un grade) et ses manières aristocratiques haussaient un peu son opinion sur les nouveaux venus.