Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait l’anéantissement du rêve de chanter le Te Deum dans la cathédrale de Sainte-Sophie et la perte très sensible pour la patrie de deux grands hommes morts à la guerre (l’un, entraîné par le désir de servir le plus vite possible la messe dans la cathédrale sus-nommée, était tombé dans le champ de Valachie, et en outre y avait laissé deux escadrons de hussards ; l’autre, un homme inapprécié, distribuait aux blessés du thé, l’argent des autres et du drap, et ne volait ni l’un ni l’autre) ; au temps où, de tous côtés, dans toutes les branches de l’activité humaine, en Russie, paraissaient comme des champignons des grands hommes, des capitaines, des administrateurs, des économistes, des écrivains, des orateurs et des grands hommes de toutes conditions sans aucun but ni vocation ; alors qu’au jubilé d’un acteur de Moscou se manifestait l’opinion publique, excitée par des toasts, qui commençait à châtier tous les criminels ; que les terribles commissions partaient de Pétersbourg au sud, pour arrêter, dénoncer et châtier des malfaiteurs, des intendants ; alors que, dans toutes les villes, on donnait aux héros de Sébastopol des dîners avec des discours, et des instruments de musique à ces mêmes hommes aux jambes et bras arrachés, dès qu’on les rencontrait sur le pont et sur les routes ; alors que les talents oratoires se développaient si rapidement dans le peuple qu’un cabaretier, partout et à chaque occasion,