Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol6.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chiens et voletaient des corbeaux et des milans.

Un chien, les pattes appuyées sur les chairs, secouait la tête en arrachant, avec des craquements, ce qu’il attrapait. La jument brune s’arrêta, tendit la tête et le cou et soupira longuement. On eut peine à la chasser.

À l’aube, dans le ravin de la vieille forêt, dans le bois touffu, de jeunes loups hurlaient joyeusement. Il y en avait cinq. Quatre presque de la même grandeur et un petit avec la tête plus grande que le corps. Une louve maigre, pelée, traînant son ventre plein et ses mamelles, la tête pendante, sortit du buisson et s’assit en face des petits loups. Ils s’installèrent en demi-cercle en face d’elle. Elle s’approcha du plus petit, et, s’appuyant contre un tronc, la gueule baissée, par quelques mouvements convulsifs, en ouvrant sa gueule garnie de dents, elle fit des efforts et cracha un gros morceau de viande de cheval ; le plus grand s’avança vers elle, mais elle fit un mouvement de menace et laissa tout au plus petit. Le petit gronda avec colère, attrapa la viande et se mit à la dévorer.

La louve vomit de la même façon la part du deuxième, du troisième, de tous les cinq, puis elle se coucha en face d’eux et se reposa.

Une semaine plus tard, près du hangar de briques, il ne restait plus qu’un grand crâne et des côtes. Le reste avait été emporté… En été un