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cheval pie était pour l’attelage. Mon cocher était un brave garçon ; je l’aimais. Il est devenu ivrogne fieffé. J’arrive : — Serpoukovsko, dit-on, quand donc auras-tu des chevaux de courses ? Mais que le diable emporte vos rosses. J’ai un cheval pie pour l’attelage, qui dépassera tous les vôtres. — Il ne les dépassera pas. — Je parie mille roubles. — Ça va. — Les chevaux courent. Il a dépassé de 5″ ; j’ai gagné les mille roubles. Mais la belle affaire ! Moi avec mes chevaux attelés à la troïka, je fis cent verstes en trois heures. Tout Moscou le sait.

Et Serpoukhovskoï se mit à mentir si bien et sans cesse que le maître ne pouvait placer un seul mot, et, l’air navré, il restait assis en face de lui. Seulement pour se distraire, il emplissait de vin son verre et celui de son hôte.

L’aube pointait déjà et ils étaient toujours assis. Le maître était horriblement ennuyé. Il se leva.

— Dormir, c’est bien. Allons, — dit Serpoukhovskoï. Il se leva en chancelant et, tout essoufflé, se rendit dans la chambre mise à sa disposition. Le jeune homme était couché avec sa maîtresse.

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— Non, il est assommant. Il s’enivre et il ment sans cesse.

— Et il me fait la cour.

— J’ai peur qu’il ne me demande de l’argent.

Serpoukhovskoï était allongé sur son lit tout habillé, il était essoufflé.