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— Elle m’est restée des chevaux de selle du haras de Khrienovo, — dit le maître.

Ils ne pouvaient regarder tous les chevaux en mouvement.

Le maître appela Nester, et le vieillard, en piquant des talons les côtes du cheval pie, accourut au trot. Le hongre boitait d’une patte, mais courait de telle façon qu’on voyait, qu’en aucun cas, il ne se révolterait, même si on lui ordonnait de courir de toutes ses forces au bout du monde. Il était même prêt à courir au galop et essayait de le faire de la jambe droite.

— Voilà, je puis affirmer, qu’il n’y a pas en Russie, une meilleure jument, — dit le maître en désignant l’une des juments. L’hôte fit des compliments au maître qui s’agitait, marchait, courait, montrait, racontait la généalogie de chaque cheval. L’hôte en avait évidemment assez d’écouter le maître et il inventait des questions pour faire croire qu’il y prenait de l’intérêt.

— Oui, oui ! — disait-il distraitement.

— Regardez donc, — disait le maître, sans répondre, — regardez les jambes… ça m’a coûté cher ; et le troisième étalon qu’elle a produit court déjà chez moi.

— Et il court bien ? — demanda l’hôte.

Ils discutaient ainsi sur chaque cheval et il n’y avait plus rien à montrer. Ils se turent.

— Eh bien, quoi, allons ?