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et se mit à crier. À tout son aspect je compris qu’elle ne m’aimait plus.

Elle me parla de la beauté de Dobrï et de son amour pour lui. Leurs rendez-vous continuèrent, et mes relations avec ma mère devinrent de plus en plus froides.

Bientôt on nous lâcha sur l’herbe. À ce moment je connus de nouvelles joies qui me consolèrent de la perte de l’amour de ma mère. J’avais des amis et des camarades. Nous savions maintenant manger de l’herbe, hennir comme les grands et, soulevant la queue, sauter en cercle autour de nos mères. C’était l’heureux temps. On me passait tout : tous m’aimaient, m’admiraient et regardaient avec indulgence tout ce que je faisais.

Ça ne dura pas longtemps.

C’est alors qu’il m’arrivera quelque chose d’horrible… »

Le hongre soupira lourdement et s’éloigna des chevaux.

L’aube montait depuis déjà longtemps. Les portes grincèrent. Nester entra. Les chevaux se séparèrent. Le palefrenier arrangea la selle sur le hongre et emmena le troupeau.