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dvorovoï, il remarqua un chariot dont le cheval était attaché au perron. Après avoir fait entrer le troupeau, il se hâta tant, qu’il ne dessella pas le hongre et cria à Vaska de le faire ; il ferma la porte cochère et alla rejoindre ses amis. Était-ce à cause de l’injure faite à la jument chauve, arrière petite-fille de Smetanka, par le « vaurien galeux » acheté à la foire et qui ne connaissait ni père ni mère — et par suite à cause du sentiment aristocratique froissé chez tout le troupeau, ou parce que le hongre, avec sa haute selle sans cavalier, était d’un aspect fantastique pour les chevaux, mais dans la cour quelque chose d’extraordinaire se passa cette nuit-là. Tous les chevaux, jeunes et vieux, en montrant les dents, pourchassaient le hongre dans la cour, et le choc des sabots sur ses côtes maigres retentissait avec de lourds soupirs. Le hongre n’y pouvait plus tenir ; il ne pouvait plus éviter les coups. Il s’arrêta au milieu de la cour. Son visage exprimait la colère, le dégoût, la faiblesse sénile, puis le désespoir. Il aplatit ses oreilles, et tout à coup, il se fit quelque chose qui calma soudain tous les chevaux. La plus vieille jument, Viazopourikha, s’approcha, flaira le hongre et soupira. Le hongre soupira aussi…

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