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III

Le soleil, déjà au-dessus de la forêt, brillait gaiment sur l’herbe et sur les méandres de la rivière. La rosée diminuait et se condensait en gouttes ; la légère vapeur du matin se dispersait comme une fumée. Les nuages se pommelaient, mais il ne faisait pas encore de vent. Derrière la rivière, s’étendaient les seigles verts, enroulés, et l’on sentait l’odeur de la verdure fraîche et des fleurs ; le coucou chantait dans la forêt, et Nester, allongé sur le dos, calculait combien il avait encore d’années à vivre. Les alouettes voletaient sur le seigle et dans la prairie. Le lièvre retardataire égaré au milieu du troupeau bondissait dans l’espace, s’arrêtait près du buisson et écoutait. Vaska dormait, la tête enfouie dans l’herbe. Les jeunes juments s’écartant de lui encore davantage se perdaient en bas. Les vieilles, en hennissant, faisaient dans la rosée des taches fraîches et choi-