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pendant trois heures. Après avoir tant avalé que son ventre pendait comme un sac sous ses côtes maigres, il s’installa tout droit sur ses pattes malades, de façon à souffrir le moins possible, surtout de la patte droite de devant, la plus faible, et il s’endormit.

Il y a une vieillesse majestueuse, une vieillesse répugnante, une vieillesse misérable. Il y a une vieillesse à la fois majestueuse et misérable. La vieillesse du hongre pie était précisément de cette sorte.

Le hongre était d’une grande taille, pas moins de deux archines[1] et trois verschok[2]. Il était autrefois pie-noir, mais maintenant les taches noires de son pelage étaient d’une couleur gris sale. Son pie formait trois taches : l’une sur la tête avec une calvitie du côté du nez jusqu’à la moitié du cou. Sa crinière longue et pleine de mauvaises herbes était blanche par endroits, grise à d’autres. L’autre tache embrassait le côté droit jusqu’à la moitié du ventre ; et la troisième, sur la croupe, attrapait la partie supérieure de la queue jusqu’à la moitié des cuisses. Le reste de la queue était blanc, bigarré. Une large tête osseuse, avec de profondes cavités au-dessous des yeux et une lèvre noire pendante, autrefois déchirée, était

  1. L’archine vaut 0 m,711.
  2. Le verschok vaut 0 m,0444.5.