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II

Nester, ayant conduit le troupeau près de la rivière, à l’endroit où devaient paître les chevaux, descendit et dessella. Déjà le troupeau commençait à se disperser peu à peu, dans le pré pas encore piétiné, couvert de rosée et d’une buée qui se soulevait également du pré et de la rivière qui le bordait.

Nester ôta les guides du hongre pie et le gratta sous le cou, à quoi le hongre, en signe de reconnaissance et de plaisir, ferma les yeux.

— Il aime ça, le vieux chien ! prononça Nester.

Le hongre n’aimait nullement ce grattage, mais par délicatesse seule, il feignait d’en avoir du plaisir. Il remua sa tête en signe de contentement ; mais, tout à coup, et sans aucune cause, Nester, supposant peut-être qu’une familiarité trop grande pourrait donner au hongre des idées fausses sur sa situation, repoussa brusquement la tête du