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longtemps il ne put s’endormir. La lune montait ; dans l’izba il faisait plus clair. Il apercevait dans le coin Accinia et quelque chose qu’il ne pouvait bien distinguer ; était-ce l’armiak oublié par son fils, un baquet placé là par sa femme ; était-ce quelqu’un debout ? Endormi ou non, il continuait à examiner… Évidemment l’esprit sombre qui menait Ilitch à cette ténébreuse affaire et dont on avait senti l’approche cette nuit, devait étendre son aile jusqu’au village, jusqu’à l’izba des Doutlov où était cet argent qu’il avait employé pour perdre Ilitch. Du moins Doutlov le sentait ici, et il n’était pas à son aise. Éveillé ou endormi, il apercevait quelque chose qu’il ne pouvait définir. Il se rappelait Iluchka les mains ligotées, le visage d’Accinia et ses murmures, Ilitch avec ses bras ballants. Tout à coup le vieux crut voir passer quelqu’un devant la fenêtre. « Qui est-ce ? Peut-être le starosta ! Comment a-t-il ouvert ? » se dit le vieux en entendant des pas dans le vestibule. « La vieille a peut-être oublié de fermer la porte quand elle est allée dans le vestibule ? » « Le chien hurlait et lui marchait dans le vestibule, — raconta depuis le vieillard — comme s’il cherchait la porte ; il passa devant, se mit à tâter le mur, se heurta contre le baquet qui fit grand bruit ; et de nouveau, il se mit à tâter comme s’il cherchait le loquet. Il le prit, — un frisson passait par le corps du vieux, — tira le