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XV

Doutlov, en remuant les lèvres, se dirigea vers son logis. D’abord il avait peur, mais, à mesure qu’il approchait du village, ce sentiment se dissipait et la joie emplissait de plus en plus son âme. Dans le village on entendait des chansons et des voix avinées. Doutlov ne buvait jamais et maintenant se dirigeait tout droit vers la maison. Il était déjà tard quand il entra dans l’izba. Sa femme dormait. Le fils aîné et les petits-fils dormaient sur le poêle, et le second fils, dans un cabinet noir. Seule la femme d’Iluchka ne dormait pas ; en chemise sale, — la chemise de travail, — les cheveux embroussaillés, elle était assise sur un banc et braillait. Elle n’alla pas ouvrir à l’oncle, mais dès qu’il entra dans l’izba, elle se mit à hurler de plus belle et à marmonner. D’après l’opinion de la vieille elle marmonnait supérieurement, bien qu’à cause de sa jeunesse, elle n’en eût beaucoup de pratique.