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trou. Doutlov monta. À la lumière de la lanterne on ne voyait du policier et d’Egor Mikhaïlovitch que le haut du corps. Derrière eux se trouvait encore quelqu’un qui tournait le dos, c’était Polikeï. Doutlov enjamba la poutre, et, en se signant, s’arrêta.

— Tournez-le, — dit le policier.

Personne ne bougea.

— Efimka, tu es jeune, — dit Egor Mikhaïlovitch.

Le jeune garçon enjamba la poutre ; il tourna Ilitch, se mit à côté de lui, regardant de l’air le plus gai, tantôt Ilitch, tantôt le chef de police, de même que celui qui montre un albinos ou Julie Pastrané, regarde tantôt le public, tantôt le sujet exposé, prêt à remplir tous les désirs des spectateurs.

— Retourne encore.

Ilitch fut retourné encore ; son bras se balançait faiblement : les pieds traînaient sur le sol.

— Détachez-le.

— Voulez-vous ordonner de couper la corde, Vassili Borissovitch ? dit Egor Mikhaïlovitch. Mes enfants, donnez une hache.

Il fallut répéter deux fois cet ordre à Doutlov et aux gardiens, et le jeune garçon se comporta avec Ilitch comme avec le corps d’un mouton. Enfin on coupa la corde ; on ôta le cadavre, on le couvrit. Le policier déclara que le médecin viendrait demain et laissa partir les hommes.