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lu l’adresse. Mais, Douniacha la lui répéta encore une fois. Il soupira, mit l’enveloppe dans son gousset, et se prépara à sortir :

— Il faut évidemment le porter à la police, — dit-il.

— Attends, j’essaierai encore une fois ; donne ici la lettre, — fit en l’arrêtant Douniacha, qui suivait attentivement la disparition de l’enveloppe dans le gousset du paysan.

Doutlov la sortit de nouveau, cependant il ne la mettait pas tout de suite dans la main tendue de Douniacha.

— Dites que c’est Doutlov qui l’a trouvée sur la route.

— Oui, donne.

— Je pensais que c’était une lettre ordinaire, mais un soldat m’a dit que c’était de l’argent.

— Mais, donne, donne.

— Je n’oserais pas aller à la maison pour… — prononça de nouveau Doutlov, sans se séparer de la précieuse enveloppe… — Annoncez ainsi.

Douniacha prit l’enveloppe et, de nouveau, alla chez madame.

— Ah ! mon Dieu, Douniacha ! — dit madame d’un ton de reproche, — ne me parle pas de cet argent ! Quand je me rappelle cet enfant…

— Madame, le paysan ne sait pas à qui vous ordonnez de le remettre, — dit encore Douniacha.