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celui qui avait besoin d’aller dans l’étable n’y allait pas, préférant laisser les bêtes sans nourriture pour cette nuit ; et l’eau bénite, conservée chez chacun, dans une fiole, était usée durant cette nuit.

Plusieurs même, pendant la nuit, entendirent marcher dans le grenier, à pas lourds, et le forgeron vit un serpent voler droit sur le grenier. Dans le coin de Polikeï il n’y avait personne. Les enfants et la folle avaient été emmenés ailleurs ; il n’y restait que l’enfant mort et deux vieilles femmes, ainsi qu’une pèlerine qui, par zèle, lisait les psaumes, non sur la mort du bébé, mais pour la cause de tous ces malheurs. C’était le désir de Madame. Cette pèlerine et les vieilles femmes entendirent elles-mêmes, après la lecture de l’une des vingt parties des psaumes, qu’en haut, la poutre tremblait, et une voix gémissait ; et ayant lu : « Dieu ressuscitera », le calme s’était rétabli. La femme du menuisier fit venir chez elle une parente, et cette nuit-là, sans s’en douter, elle but avec elle tout le thé qu’elle avait acheté pour une semaine. Elle aussi avait entendu, en haut, la poutre craquer et trembler, comme si des sacs tombaient. Les paysans de garde remontaient le courage des dvorovoï, autrement, tous seraient morts de peur cette nuit-là.

Les paysans étaient dans le vestibule, sur le foin, ensuite ils affirmèrent qu’ils avaient aussi entendu des prodiges dans le grenier ; en réalité pendant la